Il est fort possible qu’en effectuant quelques recherches sur la permaculture, vous tombiez sur des textes et images concernant des buttes, des mandalas et des associations de cultures, qui en sont devenus les symboles médiatiques. Pourtant, réduire la permaculture à des techniques de jardinage serait une lecture incomplète.
La permaculture est à la fois une philosophie de vie et une méthodologie. Elle vise à concevoir des lieux de vie (ou « systèmes ») humains, tels que des écoles, des fermes, des entreprises, des villes,… qui génèrent une abondance équitablement partagée et dans le respect du vivant.
Elle rassemble pour cela des principes et des outils méthodologiques sur lesquels nous appuyer dans la conception de nos projets, pour tenir compte du contexte global dans lequel ils s’inscrivent.
Les champs d’application de la permaculture sont vastes : jardin, habitat, éducation, etc. (voir visuel ci-dessus, à droite)
En somme, il s’agit d’une approche systémique, holistique et qui s’inspire du fonctionnement de la nature (on parle de biomimétisme).
Partager cette approche pour accompagner les changements liés eux enjeux environnementaux et sociaux, et encourager chacun à y trouver sa place, est fondamental dans la démarche de Sumbiosis.
Ce que la permaculture apporte peut malgré tout rester obscur pour les plus étrangers à ce concept. Je vous propose donc cet exemple …
Imaginons que dans mon jardin, je souhaite installer une petite serre. Elle doit être maintenue au long de l’année à une température suffisamment chaude, sans recours à un chauffage. Cela afin de récolter et déguster les légumes de la belle saison sur la période la plus étendue (aussi tôt que possible au printemps et aussi tard que possible après l’été).
La permaculture peut suggérer plusieurs niveaux et leviers d’action dans un tel cas.
Se poser les bonnes questions
Premièrement, se poser les bonnes questions en amont. Pour gagner quelques degrés et optimiser la chaleur et la lumière du soleil, sans être exhaustive, on peut penser aux points suivants :
– la taille de la serre, suffisamment grande pour qu’elle abrite la fonction souhaitée et suffisamment petite pour qu’elle se réchauffe rapidement, sans perdre de l’énergie à maintenir cette chaleur dans des mètres carrés superflus
– sa position et son orientation dans le jardin, les risques d’obstacles voisins qui pourraient l’ombrager
– sa matière
– la pertinence dans mon contexte, d’accoler la serre à ma maison, d’isoler son sol du sol environnant, ou encore d’enterrer entièrement ou partiellement la serre.
Penser aux ressources que mon environnement met à ma disposition
C’est aussi penser aux ressources auxquelles j’ai accès, facilement/gratuitement/près de moi, pour aider la serre à se réchauffer. Par exemple, un centre équestre voisin pourrait me fournir du fumier. Je pourrais alors réaliser des couches chaudes, c’est-à-dire cultiver mes légumes au-dessus d’un lit de fumier qui chauffe fortement en compostant sur place. Si j’ai des pierres volumineuses ou des bidons d’eau que je peux peindre en noir, positionnés dans la serre, ils y restitueront la chaleur stockée le jour. Ou encore si je dispose de fenêtres de récupération, je pourrais concevoir ma serre pour qu'elle les intègre.
Adapter mes choix de cultures
Vouloir à tout prix cultiver des variétés dont je ne peux satisfaire les besoins reviendrait à fournir des efforts peu pragmatiques pour l’environnement et pour ma productivité. Il est important de faire ses
choix selon les possibilités données par son contexte, ici le climat, la saison et les caractéristiques de mon sol. Inutile donc, de m'évertuer à cultiver des plantes dont les besoins sont trop éloignés de ma situation. Le résultat risque d'être décourageant. Pour augmenter ma productivité , je peux donc réaliser mes plants de légumes. Mais pas n’importe comment : avec les graines de variétés pour lesquelles je suis en mesure d'apporter les conditions adéquates. Il faudra également organiser mon planning de culture pour échelonner les récoltes comme souhaité.
Pour conclure...
Par rapport à la problématique initiale : il s’agit donc de récupérer le maximum de chaleur, d’en produire naturellement, de la stocker efficacement en limitant les pertes, et de rester souple dans mes choix de variétés et techniques de culture.
La permaculture apporte ici le déroulé méthodologique que je vais suivre (observation, conception, mise en place et suivi, en passant par la sélection des variétés et des techniques). Ce sont toutes les petites et les grandes mesures que je vais prendre et qui additionnées amènent à une grande efficacité. Cela sans dégrader l’environnement, voire en essayant d’avoir une action régénératrice sur lui. Et si je peux même partager un peu de cette abondance de légumes avec mon voisin, la démarche sera allée au bout…
Du bon sens me direz-vous ? Oui, tout à fait … Mais dans quelle mesure aujourd’hui notre fonctionnement de société fait-il appel à ce bon sens ? Ici, bien des éléments pourraient être transposés dans le fonctionnement d’une entreprise, d’un quartier, d’une ville ou d’un système alimentaire. C’est une logique qui peut donc s’appliquer à tous les domaines !